Parmi les premiers freins identifiés pour accélérer la transition écologique, les entreprises citent le budget. Elles redoutent d’importants engagements financiers accompagnés d’une réduction des marges. Pourtant, l’Ademe* soutient que l’éco-conception permet d’obtenir des gains de business de 7 à 18%. Réduire la consommation d’énergie, d’eau et choisir le chemin du zéro déchet promet des économies majeures.

Tristan Duhamel
Fondateur de Déclic Écologique

Des marges (d’amélioration)… à la marge ?

Ces pistes semblent diffuses et impalpables pour les décideurs.e.s et les services généraux. Or le potentiel du zéro déchet et de l’économie circulaire est en réalité considérable… Ce sont des économies de niche, diverses et qui paraissent insignifiantes alors qu’elles produisent des économies d’échelle qui vont améliorer le résultat de l’entreprise, permettre des gains directs soit améliorer l’Ebitda**.

 

Mais au fait, qu’appelle-t-on le « zéro déchet » ?

Le principe n’est pas de savoir ce que l’on fait de nos déchets – ils finiront de toute façon incinérés ou enfouis et provoqueront des pollutions de l’air, de la terre et de l’eau… Il s’agit de les réduire à la source c’est-à-dire d’éviter de les produire. C’est de plus en plus connu, le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas ! Quant à l’économie circulaire, elle s’oppose à l’économie linéaire dont l’exutoire d’un produit en bout de chaîne est le déchet.

 

Papiers, s’il vous plaît !

On pense tout de suite au papier, particulièrement dans les bureaux. Sur les 120/140 kg de déchets annuels par salarié.e.s, on compte 80% de papier dont seuls 25% seront recyclés***. Il ne s’agit pas de remplacer le papier par le numérique qui n’a rien d’immatériel : les ordinateurs, réseaux, serveurs, machines sont bien réels et consomment beaucoup d’énergie de la fabrication à l’usage.

Pour réduire le papier, on commence par réduire le nombre d’imprimantes. Une seule pour le service, deux, trois ? Tout dépend du nombre de personnes et du volume nécessaire. Premier changement : au lieu d’acheter sa machine, l’entreprise va la louer et payer les copies, adoptant ainsi le principe de l’économie de la fonctionnalité (ou de l’usage). Exemple : les vélos en libre service. C’est déjà du gagnant/gagnant/gagnant !

1er • le client a une machine à sa disposition en état de marche et entretenue de manière préventive plutôt que curative.
2ele fournisseur a tout intérêt à ce que son imprimante fonctionne au mieux et le plus longtemps possible, tout en se montrant réactif pour intervenir en cas de panne.
3e • l’environnement est épargné car une seule machine robuste qui dure limite son impact négatif. cf article sur le sac à dos écologique.

Les actions

  • La réduction du nombre d’imprimantes oblige les personnes à se déplacer au copieur pour récupérer leurs impressions, ce qui réduit automatiquement la demande.
  • Si l’on utilise un système de code pour accéder à ses copies (via le réseau interne), cela signifie que chacun peut annuler les copies inutiles, validées trop vite. La machine pouvant comptabiliser ces copies évitées, vous aurez un aperçu des gains réalisés.
  • L’imprimante doit être configurée en impression recto-verso par défaut et en noir et blanc.
  • Dans certains cas, on peut même imprimer à raison de 2 p. réduites par recto : on divise par 4 sa consommation de papier (exemple : un contrat à 6 exemplaires : 1er exemplaire en A4 R°V° pour la bonne lisibilité, les suivants à 2p. par A4, R°V° = diminution par 4 du papier et par 2 du toner).
  • Au final, on réduit la consommation de papier, de toner, d’électricité, d’entretien de la machine, de commandes de fourniture, de livraison, de manutention, de temps perdu dans toutes les étapes citées : de belles économies en perspective !

Estimation

1 carton de 5 ramettes : 14 €HT x 200 =  2800 € par an pour 100 personnes
Divisé d’un tiers = 933 €
4 recharges toner couleur évitées (pack) : 260 €
2 toners noirs évités : 55 x2 =110 €
économie = 1303 €
gains en électricité et ETP non évalués.
2 livraisons évitées : en général, la livraison est offerte, c’est donc une économie de CO2.

 

Ordi, mon bel ordi !

Le papier, bien que très visible, n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Plutôt que de changer le parc informatique, il s’agit de le faire évoluer, c’est-à-dire « l’agrader ». Les utilisateurs n’aiment d’ailleurs pas changer d’ordinateur ou de smartphone, perdant habitudes et données au passage alors, profitons-en ! On peut les faire réparer, on peut changer un disque dur pour un disque plus rapide (SDD par exemple)… C’est à la fois économique et écologique car la construction d’un appareil numérique est l’étape la plus polluante – environ 60 à 70% de son impact global. La construction d’un ordinateur nécessite entre 1 et 3 tonnes de matières : matériaux, eau, pétrole (dont les fameuses terres rares aux conditions d’extractions déplorables).
L’achat de matériel reconditionné évite lui aussi la « dépense » d’un nouveau sac à dos écologique. Bon nombre de marques proposent des appareils vérifiés, remis à neuf et vendus avec une garantie. C’est économique pour l’entreprise et cela permet de développer des ateliers de réparation sur le territoire national.

 

Écris-moi !

On peut également réaliser des économies sur l’achat des fournitures en évaluant les besoins réels et en choisissant des produits plus vertueux, rechargeables ou/et en plastique recyclé. Le stylo plume ou bille rechargeable peut redonner le plaisir d’écrire… avec un bel objet ! Le marqueur aussi se fait recyclé et rechargeable.

 

L’énergie, un levier important d’économie

Beaucoup d’imprimantes restent allumées en permanence. Les plus gourmandes sont les laser qui possèdent un four qui cuit le toner. Il faut donc les paramétrer durant la journée en mode veille après 1 minute d’inactivité par exemple. La différence de consommation est énorme : pour une petite imprimante laser, on passe de 6 W en veille à 300 W en marche, pour une jet d’encre, de 5 à 22 W. Pour un gros copieur recto-verso couleur, de 50 W pour les plus économes à 650 W ! ***

Fini, les poissons sur l’écran

Historiquement, les économiseurs d’écran économisaient… l’écran, mais ce n’était vrai que sur les anciennes générations et ils consomment beaucoup d’électricité. Il suffit de passer la main au dessus de l’écran pour sentir la chaleur qui s’en dégage. L’écran et l’ordinateur disposent de 3 modes : arrêt, veille, actif.Selon le type d’ordinateur, cela peut aller pour un petit portable de 4 W à l’arrêt ou en veille et jusqu’à 15 W en mode actif. Même en mode arrêt, certains éléments du PC comme la carte mère restent sous tension et continuent à dissiper de la puissance.
Une grosse station de travail peut, quant à elle, consommer 15 W éteint, 40 W en veille et 200 W en mode actif.****
Ces appareils doivent donc être paramétrés en mode veille ou être éteint et même débranchés, lors d’inactivité prolongée.

 

Minuterie, siouplaît !

Les détecteurs de mouvements permettent d’éclairer les parties communes (couloirs, WC, espace café/cuisine…) uniquement lorsqu’une présence est détectée. Attention toutefois à les positionner de façon à ce que des passages intempestifs ne les déclenchent pas inutilement. Par exemple, dans les toilettes, le disposer au dessus de la porte de manière à ce que seule, la pièce concernée s’allume plutôt que l’ensemble des cabines de WC.

 

En voiture Simone !

Le déménagement est également un moment clé pour limiter l’impact environnemental de l’entreprise. Il faut anticiper pour le mener à bien, penser à la revente, au don ou à la réutilisation de matériel. Idem pour l’emménagement, bonne occasion pour repenser les process et les adapter.

Voici quelques exemples parmi tant d’autres qui demandent un peu de méthode pour être mis en œuvre. Les bénéfices sont multiples pour l’entreprise, y compris sur le plan économique. Cela répond également à la quête de sens qui gagne aujourd’hui les actifs de façon transgénérationnelle. Encore une piste pour améliorer l’image de l’entreprise.
Quand à nous, Déclic Écologique, nous recommandons de réfléchir avec les équipes (tiens ! C’est ce que l’on fait 😉 pour trouver des solutions ensemble et leur donner un rôle moteur de cette transition écologique que beaucoup attendent !

 

*Ademe : Agence (d’Etat) de l’environnement et de la maîtrise des énergies
**L’EBITDA indique la situation de l’entreprise une fois que toutes les charges ont été payées.
***Source Ademe
****Source Energy star